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Dernière mise à jour le 11 juin 2024

Témoignage et explications du réseau des AMAP Hauts de France

Conduite depuis plus de 40 ans en agriculture biologique, la ferme de Montchevillon est bien connue dans le sud de l’Aisne. Pendant toutes ces années, Jean Paul Messean et sa femme Marie-Cécile ont proposé des fromages et du lait issus de leur élevage de vaches montbéliardes. Au fil du temps, le couple a déposé son empreinte en plantant utile sur la trentaine d’hectares convertie en polyculture-élevage, dans le respect du sol, de la terre et du vivant.

La transmission de ce lieu paisible était assurée il y a plusieurs années déjà. Leur fils Adrien a décidé de reprendre en amplifiant et en personnalisant le sillon tracé sur la ferme. Botaniste de terrain et ingénieur en gestion de la nature, Adrien a les deux pieds sur terre sans avoir la grosse tête. Sa passion le mène à élever un troupeau d’environ 25 bêtes - de jeunes bovins de race limousine accompagnés de leur mère -, nourri à l’herbe et au foin produit sur place. Les ruminants sont également très friands de saules, de tilleul, de bouleaux, de noisetiers, d’érable champêtre… Le troupeau d’Adrien trouve son bonheur parmi les 25 essences d’arbres et d’arbustes présentes sur la ferme, sans compter la vingtaine d’autres distribuées en affouragement complémentaire.

Le fait de planter et de valoriser les plantations d’arbustes et de haies pour nourrir les animaux ne date pas d’hier. Les vaches mangent naturellement les feuilles qu’elles trouvent à leur portée, encore faut-il qu’il y en ait ! Ce complément d’alimentation testé depuis de nombreuses années apporte des nutriments différents. Cette action de valorisation fait aujourd’hui l’objet de curiosités, raison pour laquelle Adrien forme parfois d’autres éleveurs à mieux assimiler les intérêts agronomiques, économiques et environnementaux des fourrages sous forme de haies linéaires.

La récolte et la technique d’affouragement font l’objet d’explications particulières. Dans un contexte de réchauffement climatique qui impose de plus en plus d’adaptation pour trouver de l’autonomie alimentaire, le déficit en herbe et l’épuisement de la ressource en prairie sont à prendre en compte.

Ici, rien n’est laissé au hasard : les essences choisies sur la ferme connues pour leur capacité à rejeter sur un point de coupe ont bien sûr été testées en nourrissage pour les bovins. Et ce n’est pas là le seul intérêt à planter des haies. Les enjeux sont multiples : apport de nourriture et d’ombre pour le troupeau, création d’habitats pour la faune, lutte contre l’érosion et le ruissellement, embellissement du lieu …

Bien que des aides de la région existent, Adrien passe quelques journées par an, sur ses fonds propres, à planter et à entretenir « utile ». La nature est tellement belle quand on lui laisse la place pour exister !

La ferme de Montchevillon en quelques chiffres :
•    AB depuis 1978 
•    Superficie : 30 hectares 
•    Espèces végétales répertoriées sur les terres : 350 plantes herbacées et ligneux 
•    Linéaire de haie : 6 km cumulés, dont 1.5 km de moins de 10 ans

Munis de pelles, de bêches et de vêtements chauds, des amapiens de l’AMAP Les Saveurs du Tardenois et de l’AMAP Les Jardins des Fables ont participé à un atelier de plantation de haies sur la ferme le 12 décembre 2021. Au programme de l’atelier : plantation d’une haie champêtre à vocation agronomique et fourragère et protection des plants par une gaine et un tuteur.

Par Benoît Perin, amapien et administrateur du Réseau des AMAP  Hauts-de-France