Dernière mise à jour le 11 juin 2024
Avec la crise du COVID et plus récemment la guerre en Ukraine, de nombreuses matières premières ont vu leur prix s’envoler. Si le sujet préoccupe les foyers dans leur quotidien, le monde agricole n’est pas épargné et nos paysan·nes non plus… Soutenons-les !
Quand on parle de matières premières qui flambent, on pense d’abord à l’énergie. La hausse des prix dans ce domaine se répercute évidemment sur les charges des fermes, sur leurs dépenses de carburants (le diesel a augmenté de 30% en moyenne entre le 1er trimestre 2021 et le 1er trimestre 2022) et de combustibles. Mais ce ne sont pas les seules matières premières impactées que constatent les paysan·nes, comme le démontrent les exemples remontés dans les Réseaux d' AMAP partout en France :
En maraîchage, production végétale :
- Semences : en 2018, un maraîcher déboursait 54 € pour ses semences de haricots. En 2022, elles lui coûtent 76 €, soit plus de 40% en 4 ans !
- Terreau : le sac de substrat est passé de 6.75 € en 2018 à 9.93 € cette année, soit 47% d'augmentation en 4 ans. Il faut souvent 30/40 sacs de terreau en plus !
- Films de protection des cultures : une augmentation de 55% sur une année est constatée en Région nantaise.
- Serres : un devis établi en décembre 2019 chiffrait à 4 500 € une nouvelle serre. Son actualisation début 2022 fait passer l'investissement à 9 500 €… Le prix a plus que doublé en 2 ans ! Il en est de même pour le matériel de réparation des serres.
En élevage :
- Alimentation des volailles : entre janvier et avril 2022, la tonne d'alimentation pour les poules est passée de 700 € à 800 €, soit 15% en 4 mois... et les répercussions de la guerre en Ukraine ne sont pas encore mesurées !
- Alimentation en pisciculture : la tonne d’aliments est passée de 1 500 € en mars 2022 à 2200 € en juin 2022 !
- Alimentation des chèvres laitières : la tonne est passée de 490 € en juin 2021 à 638 € en juin 2022. Pour une ferme qui consomme 18 tonnes d'aliments par an, cela représente une hausse de 3 600 € uniquement sur ce poste. Pour la ferme concernée, une aide de l’État de 1 000 € permettrait de couvrir une partie de ces frais.
- Les contenants tels que les pots de yaourt ont pris 10% en 3 mois.
En plus de ces hausses de charges, les paysan·nes font également face à des ruptures de stock sur du matériel et des petits équipements (irrigation, bâches, contenants…) et doivent chercher des alternatives, quand elles existent, qui se révèlent plus coûteuses et/ou de moins bonne qualité.
Face à ces hausses et sans augmentation de leurs prix de vente, un·e paysan·ne n’aura de choix que de réduire sa rémunération et/ou de renoncer à l’embauche d’un·e salarié·e pour l’aider. Il·elle devra reporter certains investissements ou limiter certains de ses achats comme les films de protection pour les maraicher·es, induisant une charge de travail supplémentaire pour des travaux de désherbage, de travail du sol ou de réparation des équipements à prolonger.
Les sujets financiers peuvent être difficiles à aborder, surtout dans ce contexte de précarisation générale. Il est néanmoins urgent, paysan·nes et consommateur·trices, de discuter ensemble de la fixation des prix. Il en va du maintien d’une rémunération décente de nos paysan·nes et de la survie des fermes de notre territoire.
Article : Par le Réseau des AMAP Hauts-de-France